Un coach ne devrait pas avoir peur de répondre je ne sais pas à son athlète. C’est le succès de l’athlète qui prime. Cette réponse peut même renforcer la relation coach-athlète.

Crampes

Qui n’a jamais eu un épisode de crampes? À la course à pied, en vélo et même en natation, On me demande souvent ce qu’il faut faire pour éviter les crampes. Tout le monde a sa théorie:

  • Déshydratation
  • Manque de potassium
  • Fatigue musculaire

La vérité est que les études ne sont pas encore concluantes (2019). On dit que les causes sont multi facteurs. C’est là l’importance de tenir un carnet d’entraînement. Quand on me demande quoi faire, je demande à l’athlète de noter dans son carnet d’entraînement à la section Notes post-entraînement. « J’ai eu une crampe dans le milieu du Main Set. » Qu’as-tu mangé la journée de l’entraînement? Étais-tu bien hydraté avant la séance? Après, on peut essayer de modifier quelque chose à la prochaine séance: rallonger l’échauffement, manger une demi-banane 1 h avant, boire eau + électrolyte 30 m avant, etc.

Tout ça pour dire que les crampes sont un sujet populaire chez les sportifs et comme la science, les coaches n’ont pas la science infuse.

Il est difficile pour un coach de répondre je ne sais pas à son client.

Nutrition

Parler nutrition à des sportifs est comparable à parler de politique à des collègues de travail! Chacun a son idée arrêtée sur le sujet. Je remarque que c’est une question de mode bien souvent: céto, paléo, jeûne intermittent, hypocalorique, détox, …

La première chose que je répond quand on me demande des conseils nutritionnels est que je ne suis pas un nutritionniste ni un expert. J’ai une approche assez classique basée sur le GBS.

  • Tu as faim? Mange en macronutriment.
  • Tu as soif? Bois de l’eau.
  • Évite la nourriture transformée.
  • Évite les restos.
  • Mange varié: il n’y a pas de super aliment comme on essaie de te faire croire.

Pour un événement (triathlon, course, …), je peux donner des conseils de base pour bâtir une stratégie d’alimentation et de nutrition. Par contre, chacun réagit différemment. La chose la plus intelligente à faire est de travailler son plan de nutrition de course pendant la période d’entraînement. Le jour de la course, manger et boire ce que vous avez pris en l’entraînement.

Il y a des centres de recherche sur la nutrition sportive. Tous les ans, il y a un buzz word. Soyez critique et ne vous attendez pas à ce que votre coach en sache plus que la science là-dessus. Sinon, méfiez-vous.

Lien de confiance

Je ne vous cache pas qu’il est difficile pour un coach de dire je ne sais pas à son client. Il faut être humble et honnête pour tisser ce lien de confiance. Inventer des réponses pour se montrer en contrôle et cacher son manque de savoir n’est pas la chose à faire. Ça finira par ressortir. Moi, je répond que je ne sais pas puis je profite de l’occasion pour me renseigner sur le sujet en épluchant une multitude de sources différentes et, avec mon esprit critique, je me fais une idée que je transmets au client puis ensemble, on prend une décision, on analyse les résultats de l’essai, on ajuste et rebelote.

Être à l’aise de dire qu’on ne sait pas quand on est coach démontre qu’on est confortable dans notre relation avec l’athlète. Évidemment, il ne faut pas que ça arrive tout le temps! En tant que coach, je profite de l’occasion pour apprendre. Ça ne s’arrête jamais à: je sais pas. L’athlète investit financièrement en nous, nous avons le devoir de travailler pour lui. C’est aussi une belle façon de démarrer une conversation: Je ne sais pas, on pourrait peut-être essayer ça, qu’en penses-tu?

Indépendance

Un coach peut tenter de trouver une réponse à toutes les questions sans jamais démontrer de faiblesse pour garder un lien de dépendance avec l’athlète.

Je travaille dans l’assurance-qualité et gère une équipe de testeurs. Mon objectif est de perdre ma job et je m’explique! Je transmets toutes mes connaissances sur les tests logiciels et les bonnes pratiques qualité pour qu’un maximum de travail d’assurance-qualité se fasse en amont. Une fois rendu au contrôle-qualité, tout devrait fonctionner comme prévu sans anomalie. Si tout fonctionne sans aucun problème, on a pas besoin d’une équipe de testeur en bout de chaîne. Si l’athlète connaît tous les principes d’entraînement, il n’a pas besoin d’un coach.

Je n’y crois pas vraiment mais je trouve que c’est une bonne cible à viser. On ne peut être juge et parti (biais) puis on a besoin d’un avis externe même si c’est simplement pour confirmer son choix. Comme coach, je tente de transmettre un maximum d’info aux athlètes:

  • L’objectif de la séance est…
  • Tes forces sont…
  • Tes faiblesses sont…
  • Pourquoi la période d’affûtage…

J’essaie de transmettre ma passion du coaching à l’athlète, de le rendre plus autonome dans son entraînement. Il pourra me challenger en me posant des questions sur mes choix de séance.

Conclusion

Un coach qui répond je ne sais pas peut avoir peur de perdre l’athlète. Malgré cette possibilité, je préfère être franc et profiter de l’occasion pour démarrer un dialogue et, au contraire, améliorer la relation coach-athlète. À la fin de la journée, c’est le succès de l’athlète qui compte, peu importe à qui va le crédit.