Quand on traverse une rupture, une période de deuil ou un bouleversement émotionnel important, il est facile de perdre ses repères. Même les routines les plus solides peuvent s’effondrer. Pourtant, l’entraînement peut devenir un outil précieux pour traverser ces moments difficiles.
Cet article n’est pas un plaidoyer pour « s’entraîner coûte que coûte », ni une recette miracle pour guérir rapidement. C’est un retour d’expérience, à la fois personnel et professionnel, sur la façon dont le mouvement — même minimal — peut jouer un rôle dans la régulation émotionnelle et la reconstruction de soi.
Continuer à s’entraîner quand ça ne va pas
Quand le mental est submergé, le corps peut devenir un point d’ancrage. Continuer à bouger permet de maintenir un certain rythme quotidien, ce qui est crucial dans des périodes où tout semble désorganisé.
L’activité physique :
- stimule la production d’endorphines (hormones liées au bien-être),
- aide à mieux dormir (ce qui est souvent perturbé en période de stress),
- et surtout, redonne une forme de contrôle.
L’idée n’est pas de battre des records ou de suivre un plan d’entraînement strict, mais simplement de bouger pour rester connecté à soi, dans un quotidien chamboulé.
Adapter son entraînement à son état émotionnel
Pendant une période émotionnellement difficile, les capacités physiques peuvent être affectées :
- moins d’énergie,
- moins de motivation,
- récupération plus lente,
- alimentation et sommeil perturbés.

C’est important de respecter ça. Voici quelques ajustements concrets :
- Réduire l’intensité et la durée des séances.
- Choisir des activités plus simples, sans objectif de performance.
- Se permettre d’annuler une séance sans culpabilité.
- Passer d’un entraînement structuré à une activité libre (ex. : marche, vélo tranquille, natation douce).
Les bénéfices de bouger sans objectif de performance
En tant qu’athlètes ou personnes actives, on associe souvent l’entraînement à un but : une course, une progression, un temps. Mais dans une période de grande vulnérabilité, il peut être libérateur d’enlever cette pression.
S’entraîner sans but, c’est :
- retrouver le plaisir de bouger sans se juger,
- se donner de l’espace mental,
- créer des moments pour respirer, sortir de sa tête, s’aérer.
Ces moments d’activité deviennent des pauses dans la rumination. Même si la douleur émotionnelle est encore là, elle devient parfois plus supportable après une séance.
Ce que l’entraînement ne peut pas faire (et c’est important de le savoir)
L’entraînement peut aider. Mais il ne guérit pas tout.
Il ne remplace pas un soutien psychologique, des discussions honnêtes avec soi-même ou un accompagnement thérapeutique si nécessaire. Il ne doit pas devenir une fuite ou une dépendance.
Si l’objectif devient « ne rien ressentir », ou « s’épuiser pour ne pas penser », on entre dans une autre dynamique : celle de l’évitement. Ce type d’entraînement, à la longue, peut nuire plus qu’il n’aide.
Reconstruire une base, un jour à la fois
Ce que le mouvement permet, c’est de commencer à se rebâtir doucement :
- Reprendre une routine, même simple.
- Constater que le corps fonctionne encore.
- Accumuler des micro-victoires (ex. : sortir marcher malgré l’envie de rester couché).
- Se rappeler qu’on peut avancer, même à petits pas.
Avec le temps, ces gestes répétés peuvent ramener une certaine stabilité. Puis, progressivement, l’envie de se fixer de nouveaux objectifs revient. Parfois différents. Parfois plus alignés avec qui on est devenu après avoir traversé une période difficile.

Conseils concrets pour bouger en période de turbulence émotionnelle
Voici quelques pistes simples à mettre en pratique :
- Fixer un objectif réaliste : 20 minutes de mouvement, sans autre exigence.
- Choisir des activités accessibles : marche rapide, vélo léger, yoga, natation libre.
- Ne pas s’isoler systématiquement : s’entraîner avec un ami ou dans un groupe peut aider à garder un lien social.
- Ne pas hésiter à ajuster en fonction de l’énergie du jour : certains jours, une séance complète est possible; d’autres fois, une simple sortie à l’extérieur suffit.
- Documenter ce qu’on ressent après chaque séance : cela permet de prendre conscience des effets positifs, même discrets.
Quand le cœur est brisé et la tête embrouillée, l’entraînement peut offrir un repère. Il ne résout pas tout, mais il aide à traverser. À condition qu’il soit adapté, bienveillant, sans pression.
Bouger devient alors un geste de soin. Pas pour oublier, mais pour traverser. Pas pour performer, mais pour se maintenir à flot. Et parfois, c’est exactement ce dont on a besoin.
