Comment aurais-je pu prévoir améliorer mon temps de plus de 21 minutes? Jamais je n’aurais pu imaginer faire une aussi belle performance. Ma plus longue course cette année a été de 28 km. J’ai dû faire confiance au reste de mon entraînement et espérer que le corps tienne bon.
Je vais d’abord vous donner ma stratégie pré-course que je voulais exécuter:
- 0 à 10,5 km: molo, très molo. Comme je visais un temps autour de 3h35, je me suis dit qu’un rythme de 5:03 à 5:06 min/km me suffirait. Ça me laissera bien digérer toute nutrition solide dans l’estomac en gardant mes fréquences cardiaques basses.
- 10,5 à 21,1 km: j’accélère à un rythme de 4:45 à 4:55 min/km. Je serai réchauffé et la nutrition devrait commencer à faire son effet.
- 21,1 à 30 km: je reprend mon rythme du début.
- 30 à 36 km: si je peux, j’accélère encore une fois. Sinon, je gère en fonction de la distance restante. Mon expérience devrait m’aider là-dessus.
- 36 à 42,2 km: s’il me reste de l’énergie, je calcule pour tout donner ce qui reste jusqu’à la toute fin.
Maintenant, voici ce qui s’est réellement passé:
- Je me suis arrêté à tous les ravitaillements sauf 2. J’ai pris le temps de prendre le verre, d’arrêter, de le boire et de le jeter avant de repartir en courant. La nutrition et l’hydratation ne doivent pas être pris à la légère et je suis persuadé que ça a joué un rôle clé dans mon résultat.
- 0 à 2-3 km: molo, ok. Mais c’est beaucoup trop molo. Coudonc, suis-je vraiment sur le bon rythme? J’ai l’impression d’être beaucoup trop lent. Je regarde ma montre (en passant, j’ai regardé très peu ma montre pendant la course): 4:51 min/km. Aïe… j’avais peur de faire comme au marathon de Las Vegas.
- 3 km: eh merde, j’arrive dans le dos du lapin de 3h30. C’est signe que je vais beaucoup trop vite. Je fige. Je ne sais pas quoi faire. Je reste derrière lui et je réfléchis. Qu’est-ce que je fais? Vais-je trop vite parce que le parcours descend? Suis-je dans un bon jour? Je n’arrivais pas à me décider. Je regarde ma montre: 4:48 min/km. Je décide de rester avec le lapin jusqu’à 10,5 km.
- 10,5 km: ok, là, c’est assez. J’ai l’impression que c’est une petite balade du dimanche. Je dépasse franchement le lapin de 3h30 et ses fidèles. Je me dis que ça passe ou ça casse.
- 15 km: je sors un premier jujube.
- 10,5 à 21,1 km: Ma montre m’indique un rythme de 4:42 min/km depuis le départ. Ouch! Mais qu’est-ce qui se passe? Je ne devrais pas trouver ça facile. Est-ce que le parcours est en pente descendante? Pourtant, ça ne semble pas être le cas. Tant pis, je continue.
- 21,1 km: la moitié de fait et j’ai l’impression d’avoir encore beaucoup d’essence dans le réservoir.
- 21,1 à 26 km: je n’arrête pas de dépasser des coureurs. Je regarde leur physiologie et ils ont l’air de vrais coureurs: mollets découpés au couteau, chandail du marathon de Boston, belle foulée. Je secoue la tête sans comprendre ce qui se passe. Quand est-ce que je vais m’écraser?
- 26 à 34 km: je me place derrière un coureur qui va exactement à la même vitesse que moi. Il y a quelques montées et ça m’aide.
- 34 km: ok, ça ne va pas assez vite à mon goût, je le dépasse sans qu’il réagisse. Je me retrouve seul. Là, ça commence à être difficile. Pas la souffrance absolue mais je suis un peu moins lucide et ma vision n’est plus aussi bonne. Les pancartes annonçant les km arrivent moins rapidement! Je sais que ça sent le début de la fin.
- 37 km: là, je suis dans le dur. J’essaie de faire fie de l’arrivée en me concentrant simplement sur ma technique de course. Un pied devant l’autre et je vais finir par arriver.
- 41,8 km: un bénévole, sûrement de bonne foi, me dit: “200m avant l’arrivée…”. Hein? Pourtant, je connais un peu le parcours et ça me semble prématuré. Heureusement que je n’ai pas sprinté! Il restait finalement 400m, un mmmmmonde de différence quand le réservoir est presque vide.
Voilà! 3h 20m 30s me satisfait entièrement. Je ne saurai jamais ce qui se serait passé si j’avais couru un rythme moins conservateur les 10,5 premiers km. J’aurais peut-être cassé plus tard. C’est la beauté de la chose, jamais on ne le saura!


En revenant au parcours annoncé, je ne comprends pas pourquoi les organisateurs ont changé le sens du tour du parc de la Yamaska. On devait le courir anti-horaire alors qu’on la fait dans le sens horaire. Je pouvais bien ne rien comprendre au dénivelé que j’avais mémorisé!