J’ai beau être en vacances de mon travail, je n’ai pas chômé la semaine dernière! J’ai profité de mon premier lundi et mardi de vacances pour m’entraîner. Puis l’événement Triathlon international de Montréal 2018 a débuté dès mercredi matin pour moi par une formation d’officiel NTO (National Technical Official – ITU Niveau 1) à la Maison olympique, d’une durée de deux jours où l’on pousse un peu plus loin toute la règlementation et l’organisation entourant un événement de triathlon. Si les gens pensent que tout ce que les officiels font pendant un triathlon est de donner des pénalités, détrompez-vous! Les officiels travaillent de concert avec le comité local organisateur (LOC – Local Organizing Commitee) pour que le déroulement de l’événement soit conforme au cahier de charge (EOM – Event Organizers Manual) et que les athlètes vivent une expérience similaire et juste d’un événement à l’autre.
Sécurité
La sécurité est l’aspect numéro un. La majorité des règlements auxquels les athlètes doivent se conformer sont une question de sécurité. Les officiels doivent garder les yeux ouverts pendant toute la préparation entourant l’événement. Est-ce que le ponton est sécuritaire? Est-ce que la sortie de l’eau l’est aussi? Les tapis sont bien placés? Pas d’angles trop prononcés? Des bénévoles sont briefés pour bloquer le passage des piétons pendant le passage des athlètes? La zone de transition est-elle sécuritaire? L’espace entre les supports à vélo est-il conforme? Est-ce que la signalisation est adéquate? Y a-t-il des risques de croisement dangereux d’athlètes pendant les courses (nageurs arrivant en T1 en même temps que cycliste en T2) ? Et j’en passe!
Équitable
Les officiels sont responsables de s’assurer que la course est équitable pour tous les athlètes. Souvent, on voit des athlètes qui tentent d’obtenir un avantage. Par exemple, ils marquent leur zone de transition pour faciliter le repérage en T1 et T2. Que ce soit par de la craie par terre, un vêtement coloré attaché au support à vélo ou même un ballon gonflé à l’hélium (!!), tous ces marquages sont interdits! Je dois avouer que vous êtes souvent inventifs!
Ce que j’ai vu en fin de semaine :
- Des athlètes se donnant un élan sur un poteau pour tourner un coin durant le passage vers ZT (Zone de Transition). C’est interdit mais on est souvent permissif (trop?) surtout pour les athlètes loin du podium.
- Des athlètes détachant leur casque en T2 alors que leur vélo n’est pas encore sur le support.
- Une athlète qui peine à attacher son casque. Après un coup de sifflet, je lui indique en gesticulant que son casque est à l’envers!
- Des athlètes se trompent de rangée en T1 et finissent par passer sous le support à vélo pour rejoindre leur zone. C’est interdit.
- Une athlète arrive en T1 avec ses bas de compression. Présentement (car la règlementation change à chaque année, argh!), les bas de compression sont interdits pendant la portion natation lorsque la combinaison isothermique l’est.
- Des vélos avec pédales à cage à sangles (toe-strap pedals). Triathlon Québec est permissive mais c’est différent lorsque la course est organisée par d’autres fédérations.
Station dépannage de roues neutre
Lors des courses WTS (World Triathlon Series) femmes et hommes, j’étais assigné à la station de dépannage de roues neutre (Neutral Wheel Station), située au milieu du parcours de vélo. Le LOC fournit des roues standards – jantes en aluminium de moins de 25 mm de profondeur, les roues de carbones et plus de 25 mm de profondeur sont jugées non-standards – de dépannage pour les athlètes. Le EOM est clair, nous fournissons:
- 2x 700c 11 cassette Campagnolo speed wheels
- 2x 700c 10 cassette Campagnolo speed wheels
- 4x 700c front wheel
- 2x 700c 11 cassette Shimano rear wheels
- 2x 700c 10 cassette Shimano rear wheels
WTS Femmes
Rien à signaler durant la course WTS des femmes. Aucun passage à ma station.
WTS Hommes
Je suivais de près la position d’Alexis Lepage, athlète local, durant la course. Il était bien placé dans le groupe de chasse. Puis au 3e ou 4e passage, je ne le vois plus dans le groupe. Avant la course, j’avais déjà posé la question au mécano qui m’accompagnait:
» Je sais qu’Alexis roulera sur des roues à frein à disque, en a-t-on en dépannage? » Il me dit que non.
Je vérifie le EOM et effectivement, ce type de roue ne figure pas sur la liste des roues que nous devons avoir disponible. Malheureusement ce qui devait arriver arriva. Quelques secondes plus tard, je le vois zigzaguer lentement vers ma station. Ah merde! Je sais qu’il a un vélo à frein à disque. « As-tu des roues à disque? » Non. « Shit, as-tu une pompe au moins? » Ça oui. Il met un peu d’air dans le pneu pour se rendre jusqu’à la station de dépannage de roues d’équipe où une roue à frein à disque l’attend. Sauf qu’à ce niveau, on peut oublier un résultat quand ce genre de pépin t’arrive.
Quelle attitude ça prend pour gérer ce genre de situation! Tu es dans la course puis une seconde plus tard, une crevaison lente et tout s’écroule, mais tu continues quand même, pour les fans, pour le public. Bravo Alexis, tu es une inspiration! Ta persévérance finira par payer, j’en suis certain.
Conclusion
Après deux grosses journées à me lever à 4AM (pendant mes vacances!), je considère que j’ai appris énormément sur le travail d’officiel technique. Évidemment, il reste encore plusieurs postes à apprendre mais ça viendra avec les années. Il y a toujours quelque chose de nouveau à apprendre et c’est ce que j’aime. C’est encore plus l’fun quand tout le monde a une attitude d’entraide.
Si vous êtes fan de triathlon et désirez vous impliquer, je vous encourage fortement à considérer une formation d’officiel et venez aider à la croissance du sport.